Auteur : Sarah Jollien-Fardel
Titre : Sa préférée
Date de parution : 25 aout 2022 – Edition Sabine Wespieser
EAN : 9782848054568
200 pages
Merci à Lecteurs.com et Sabine Wespieser pour l’envoi de ce service presse
Sarah Jollien-Fardel naît en 1971. Elle grandit dans un village du district d’Hérens dans le canton du Valais en Suisse2.
À l’adolescence, elle fuit la montagne et vit plusieurs années à Lausanne avant de retourner en Valais avec sa famille. Journaliste, elle écrit pour plusieurs titres de la presse locale et nationale. Elle est rédactrice en chef du magazine de Payot Aimer lire.
Son premier roman, Sa Préférée, retrace une enfance auprès d’un père violent et ses conséquences sur la vie affective et le lien au monde de la narratrice. Il reçoit le Prix du roman Fnac 2022 et il est sélectionné pour le prix Goncourt.
Sarah Jollien-Fardel est mariée et a deux fils. Elle habite à Bramois et travaille comme bénévole dans une association pour femmes battues.
4eme de couverture :
Dans ce village haut perché des montagnes valaisannes, tout se sait, et personne ne dit rien. Jeanne, la narratrice, y grandit en apprenant à éviter les accès de violence de son père, à les anticiper. Si sa mère et sa soeur se résignent à la déferlante des mots orduriers, aux coups, aux retours avinés, préludes à de nouvelles scènes, Jeanne, malgré la peur permanente, lui tient tête. Jusqu’au jour où, pour une réponse péremptoire prononcée avec toute l’assurance de ses huit ans, il la roue de coups. Quand arrive le médecin du village, appelé à son chevet, elle est convaincue que cet homme éduqué et bienveillant va mettre fin au cauchemar : mais, à l’instar des proches et des voisins rustauds, il fait comme si de rien n’était, comme si elle avait été victime d’une simple chute.
Dès lors, son dégoût face à tant de lâcheté, et aussi son désir d’échapper à la terreur quotidienne vont servir de viatique à Jeanne. Grâce à la complicité d’une professeure, elle parviendra à s’inscrire à l’École normale d’instituteurs sans l’autorisation de son père. Cinq années de répit, dans la ville de Sion, loin du foyer familial. Mais le suicide de sa soeur agit comme une énième réplique de la violence fondatrice.
Réfugiée à Lausanne, inadaptée sociale, la jeune femme, que le moindre bruit fait encore sursauter, trouve une forme d’apaisement dans ce nouvel exil volontaire, et dans de longues séances de natation dans le lac Léman. Le plaisir de nager, découvert loin de son père, est le seul qu’elle parvienne à s’accorder. Habitée par sa rage d’oublier et de vivre, elle se construit une existence, s’ouvre aux autres, et s’autorise peu à peu une vie amoureuse.
Dans une langue âpre, syncopée, Sarah Jollien-Fardel dit avec force le prix à payer pour cette émancipation à marche forcée. Car le passé inlassablement s’invite, dans une attitude, un geste, un souvenir.
Sa préférée est un roman puissant sur l’appartenance à une terre natale, où Jeanne n’aura de cesse de revenir, malgré son enfance gâchée, malgré sa colère, aimantée par son amour pour sa mère et la culpabilité de n’avoir su la protéger de son destin.
Mon avis :
Je remercie encore lecteurs.com pour l’envoi de ce roman. Roman qui a recu le prix du roman Fnac 2022, elu par un jury de 400 librairies et adherents.
Je ne cache pas que cela a ete tout de meme une lecture assez difficile et particuliere. Le theme principal etant l’inceste. On suit la vie d’une famille qui vit dans un petit villages des montagnes valaisannes (pour la culture Le Valais est un Canton du Sud de la Suisse qui s’étend du Lac Léman, à partir de Saint Gingolph, jusqu’au Glacier qui donne naissance au Rhône entre le col de la Grimsel et le col de la Furka. ).
D’un coté on a la mere et la soeur si encaissent tous les paroles du pere, les coups parfois tres durent. De l’autre on a jeanne qui n’a pas du tout envie de laisser et tient tete.
Tout va trop vite dans ma tête. Laisser éclater là, sur la table, entre nous, ce qui m’habite et dédouble virtuellement ma vie. Oser dire, avouer, vomir cet amour silencieux, expurger mes sentiments. On sait tous que les paroles ne sont pas forcément la vérité, mais qu’elles peuvent modifier la réalité. Définitivement. Radicalement. L’avant et l’après. L’avant, rassurant. L’après, vertigineux. Alors on verrouille l’estomac, on clôt les lèvres qui veulent articuler, on pince avec les dents, pour être bien certain qu’elles se tairont, ces insensées.
Entourée de taiseux dans ce canton suisse où tout se sait mais rien ne se dit, elle souffre en silence, ne se sent ni aimée, ni aimable, ni soutenue encore moins accompagnée dans sa douleur…. On peut se demander si les mêmes faits, ailleurs, auraient été tenus secret de la même façon. Dans ce coin de montagne, les habitants sont particulièrement adeptes du « chacun ses problèmes ».
Un roman coup de poing. Un texte d’une grande force qui sonne juste. Bien que le thème des violences intrafamiliales et de l’enfance brisée soit un peu éculé et malgré la noirceur du roman où les malheurs s’accumulent, l’intensité de la narration, l’épaisseur des personnages et l’écriture percutante, vive, rattrapent cette surenchère.
Bénévole dans une association d’aide aux femmes battues, l’autrice nous cueille dès la première phrase, nous oblige à prendre cette narratrice par la main et à partager son calvaire au quotidien, tout en levant très vite le voile sur un passé ravagé par des mots et des scènes d’une violence insoutenable. À l’aide d’un style direct et d’une justesse incroyable pour un premier roman, elle donne la parole à cette femme broyée par la vie, qui partage sa douleur au fil d’une narration qui retentit comme un appel à l’aide, un long cri de détresse dont l’écho résonne encore dans ces montagnes où tout a commencé…
Catégories :Littérature étrangère
tout à fait d’accord, un fabuleux voyage au pays des blessures et de la colère …
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