Auteur : Don Winslow
Titre : Cartel
ISBN : 978-2021-213157
718 pages
Offert par Babelio et les editions Seuil dans le cadre de cette chronique
Né en 1953 à New York, Don Winslow a été comédien, metteur en scène, détective privé et guide de safari.
Il est l’auteur de nombreux romans traduits en seize langues, dont plusieurs ont été adaptés par Hollywood.
Après avoir vécu dans le Nebraska et à Londres, Don Winslow s’est établi à San Diego, paradis du surf et théâtre de ses derniers romans
4eme de couverture :
2004. Adan Barrera, incarnation romanesque d’El Chapo, ronge son frein dans une prison fédérale de Californie, tandis qu’Art Keller, l’ex-agent de la DEA qui a causé sa chute, veille sur les abeilles dans un monastère.
Quand Barrera s’échappe, reprend les affaires en main et met la tête de Keller à prix, la CIA et les Mexicains sortent l’Américain de sa retraite : lui seul connaît intimement le fugitif.
La guerre de la drogue reprend de plus belle entre les différentes organisations, brillamment orchestrée par Barrera qui tire toutes les ficelles : la police, l’armée et jusqu’aux plus hauts fonctionnaires mexicains sont à sa solde. Alors que la lutte pour le contrôle de tous les cartels fait rage, avec une violence inouïe, Art Keller s’emploie à abattre son ennemi de toujours.
Mon résumé :
Adan, celui qui ne touche jamais à ces saloperies dont il inonde pourtant le marché americain. En prison, et avant de s’échapper, il rencontre La Femme. Magda, 29 ans, un tonton dans le trafic de la dope, deux cousins sicarios, elle connaît les trafiquants. « Les narcos tournent autour des reines de beauté comme des vautours. Certains subventionnent même leurs propres concours, les narcoconcursos de misses. Magda s’est servie. » Magda, c’est Le Personnage de Cartel. Flamboyant, pur et impur, des cojones dans un corps de femme sculptural, une héroïne du Mal, une trouvaille. Un puis deux narcos qui meurent, Magda n’est pas vraiment veuve mais elle découvre que « le noir lui va si bien ». Les narcos, oui, mais elle, pourquoi ne deviendrait-elle pas une « narca »? « Une chignona, une femme puissante et indépendante? » Premier job, premier flop, elle tombe. Prison.
Elle rencontre Adan. Magda échappe au viol. Elle devient la femme du « patron ». Tout le monde le sait, sauf elle. Pas encore. Le vieux narco a trouvé sa reine de beauté. Mieux il a rencontré l’âme sœur. Celle qui pense et dit la vérité. Elle s’impose, elle va s’asseoir à la table des hommes. Parce qu’elle sait que quand elle sera vieille, que sa beauté aura disparu, il épousera « une pauvre vierge idiote qui ne lui fera jamais ça à Adan », mais ce sera trop tard. Il n’y a pas de personnage féminin mièvre chez Don Winslow. Marisol, médecin qui se dévoue corps et âme aux pauvres, ne s’engage pas avec Art comme une gamine de 15 ans. Même l’épouse légitime du baron de la drogue fait preuve d’une singulière prise de risque qui en dit long sur sa pseudo naïveté. Non, Winslow construit des hommes et des femmes dominés par le gris, tous pris au piège par une situation devenue incontrôlable. « Les meurtres entraînent les meurtres ».
Mon avis :
2004-2014 : Cartel, c’est l’histoire de la guerre de la drogue au moment où les Zetas prennent leur indépendance et décident de devenir le Cartel et où le gouvernement se voit obliger de réagir suite à des exactions de plus en plus violentes. C’est aussi le moment où Adán Barrera, librement inspiré de Joaquín « El Chapo » Guzmán, chef du cartel de Sinaloa tente d’imposer à nouveau son autorité tandis que l’agent de la DEA Art Keller reprend du service pour l’en empêcher.
Sept cent vingt pages de lecture au grand galop, une action qui s’étend sur dix ans, de 2004 à 2014
L’auteur à piocher dans l’histoire, faite de sang et de poudre, du Río Grande, et à reconstituer la montée en puissance des «narco-empires», immenses machines de mort capitalistes.
Cartel décrit bel et bien une guerre des gangs et décortique toutes les ficelles, les arnaques, les chantages, la corruption de toutes les structures qui s’engagent non pas contre, mais face aux familles et au clan. Il montre aussi comment l’accord économique entre les Etats place la drogue au même niveau d’importance stratégique que le gaz ou le pétrole.
A vos plumes !